t>

20090331

enfin le match Vienne vs. Paris



... déjà et pour commencer, j'admets qu'il faut un tantinet de magnanimité pour permettre que le match (virtuel, bien entendu) entre Wendy & Jim et Bernhard Willhelm se résume sous le signe Paris vs. Vienne. Mais, au moins, les uns travaillent ici, l'autre (tout en étant allemand et ayant complété ses études à Anvers) travaille là. Presque parfait donc.

Mais voyons le début : aujourd'hui et hier ont eu lieu les entretiens publics avec les candidats invités pour remplir le vide laissé par Véronique Branquinho à l'Université des Arts Appliqués de Vienne à la fin du semestre. Une remarque avant de m'y mettre : je n'ai pas vu Patrick van Ommeslaeghe ni Eley Kishimoto (mais j'ai entendu parler des étudiants dans l'ascenseur qui avaient trouvé Patrick très sympa; n'est-ce pas vrai en même temps qu'il représente la continuation inconditionnelle d'une esthétique simonsbranquinhienne en vigueur à Vienne depuis désormais quelques années ? avec Eley Kishimoto, par contre, on pourrait se demander s'ils sont vraiment capables de passer assez de temps de qualité avec leurs disciples…).
mode féminine, vision W&J

Mais retournons au propos : lundi, onze heures trente, le couple archi-"fesch" de la fashion scene viennoise, les très hyped Wendy & Jim, soit Helga Schania et Hermann Fankhauser. Pas de doute possible sur le fait qu'ils sont très sûrs d'eux-mêmes. La mode, pour eux, "eine Versammlung von Extremen / une réunion des extrêmes" (Helga S). Le travail à deux, leur marque Wendy & Jim "als abstrakter Körper zwischen uns / un corps abstrait entre nous" (Helga S). Le travail à deux, côté communication, "wenn man zu zweit ist, ist es wichtig, dass man das Wort richtig versteht / lorsqu'on est à deux c'est important que la parole soit bien comprise" (Hermann F.). Saussure ? Heidegger ? N'importe quoi ? Le travail à deux, côté créativité, "wir sind halt beide die Kreativen / après tout on est tous les deux des créatifs" (Helga S). La mode, les vêtements "wir lassen das Modische an der Bekleidung weg / nous renonçons au côté fashion des habits" (Helga S.). Trop de citations ? Qu'on me pardonne. Je ne peux autrement. A savoir qu'il m'est resté un goût légèrement amer dans la bouche. Et leurs idées pour l'enseignement : tout très méticuleusement conçu. On mêlera Bâle et Anvers : eux, présents à Vienne, une fois par mois à la fac, préparant les étudiants pour un travail dirigé par des profs visitants vers la fin de l'année (mais seuls les meilleurs parmi les étudiants seront admis; les moins bons en tout cas continueront à travailler sous W&J - quelle modestie !) pour donner une dimension plus internationale à l'affaire. A moi, personnellement, cela me paraîtrait un peu cher. Mais qui est-ce qui serait assez terre à terre pour se mettre à crier à l'argent dans un si beau contexte. Symptômatique dans tout cela, mais qu'on ne me reproche pas d'être mesquin et méchant : une erreur de frappe dans la présentation de leur concept pour l'imminente ère de Wendy & Jim. Au lieu de "modisch", on lit, sur l'écran, "modich". Mr Freud, c'est vous ?
mode masculine, vision Bernhard W.

Mardi matin, dix heures trente : Bernhard Willhelm à l'appareil. Une salle pleine à craquer - on sent que le charismatique Allemand est perçu comme véritable attraction. Ceux qui sont venus ne partiront pas sans avoir rigolé : car où W&J se perdent dans un bavardage qui se veut théorique, Mr Willhelm convainc, surprend, amuse. Parmi les choses à retenir : l'absence de tout narcissisme; c'est quelqu'un qui fait son travail, qui le fait bien, et qui essaie de faire mieux chaque saison malgré toutes les difficultés qu'il peut rencontrer. Pas de dogme, pas de niaiseries philosophiques ni de platitudes. On ressent dans ses propos un je-ne-sais-quoi de bien authentique. On ne peut s'empêcher de penser que c'est quelqu'un qui essaierait vraiment de travailler avec les étudiants. Pour lui, "Mode als Problembewältigung / la mode servant à surmonter des problèmes". Amusant : deux fois il mentionne des artistes (Escher et Neo Rauch notamment) qui lui auraient inspiré des modes de présentation pour ses collections, et deux fois il confesse qu'en réalité, il ne les aime pas du tout. Seule déduction possible : Bernhard W. propose de ne pas rejeter illico ce qui déplaît, de le regarder de plus près, d'essayer d'y dégager quelque chose qui puisse être adopté, amélioré, adapté. Quoi de mieux pour concevoir un travail d'enseignant ? Le talent de Bernhard W. se résume dans la capacité de raconter des histoires avec ses créations sans se prendre trop au sérieux ni virer au ridicule. De créer sans être en proie à un culte du génie. Et les étudiants, comment en profiteraient-ils ? Mr Willhelm ne sait pas encore, il voudrait bien essayer de trouver un mode qui leur convienne, à lui, aux étudiants. Il voudrait terminer plusieurs projets de courte durée au long de l'année. Il suggère qu'un défilé à la fin de l'année n'est pas le seul mode de présentation possible. C'est clair, je pense, qu'il a commencé à réfléchir sur de possibles façons de s'y faire, à l'enseignement. Mais, comme il le dit lui-même à la fin de son petit speech, "nobody's perfect". Eh ben non, mais cela fait du bien de se l'entendre dire et de supposer que dans ces mots se cache un petit grain de vérité.

On ne me reprochera pas d'avoir pris parti, si ?

20090327

bis : Paris New York


... encore une fois le même axe de métropoles, cette fois-ci en termes de mode : il serait donc vrai que l'enfant prodige de la mode américo-française - et c'est Marc Jacobs, bien sûr - a décidé de transférer le QG créatif de sa ligne homonyme à Paris. Peut-être pour s'épargner un surplus d'allers-retours entre les Etats Unis et la France en même temps qu'il a annoncé à la presse les fiançailles avec son petit ami brésilien. São Paulo au lieu de NY City ?

20090325

Paris Tokyo Alma New York


... comme trop souvent, je suis parmi les derniers à se rendre compte de toute une dispute qui s'est déclenchée autour d'un nouveau projet de musée que l'on vend sous le nom de "Centre Pompidou Alma" (mais allez, je vis à l'étranger, c'est permis !). Je réalise donc avec assez d'effroi que ce que l'on est en train de faire du si cher (quoique des fois un peu diffus) Palais de Tokyo pourrait, comme on vient de le souligner dans la fameuse (parmi les germanophones, au moins) Kunstzeitung avoir pour résultat inévitable, sinon la disparition du site de création contemporaine, mais l'absorption de celui-ci par le Centre Pompidou.

Un cas comparable s'est vu à NY City, bien sûr, où le P.S. 1 Contemporary Art Center a fini par devenir un autre lieu d'exposition du MoMA. Et quand bien même cela ne se trouverait pas dans les titres de l'actualité culturelle, il reste à voir ce que cela va donner comme musée. On ne peut qu'espérer que cela va fonctionner en belle complémentarité avec le Palais de Tokyo tel qu'il se présente aujourd'hui.

20090316

nuage de paroles


... je dois être le dernier à avoir découvert Wordle, mais c'est quand même assez amusant comme service, uhm, langagier. D'accord, pour établir la fameuse "word cloud", Wordle semble puiser plutôt dans les derniers messages publiés. Comment s'expliquer sinon l'apparition assez éminente de "Bangkok" que, il me semberait bien, je n'ai tout de même mentionné qu'une seule fois. Grande révélation en termes de stylistique : ma conjonction préférée est sans aucoun doute "puisque". A en croire Wordle, c'est le mot le plus fréquemment employé dans mon blog. Ah ben ouais...

20090312

Michaela B. sulla più chic di tutte le riviste


... reste à voir si c'est toujours Vogue Italia à laquelle appartient la gloire d'être la plus chic, la plus conceptuelle et la mieux conçue de toutes les Vogue de ce globe. Quoi qu'il en soit - quel plaisir de retrouver sur les pages de la revue dirigée par Franca Sozzani les pullovers en tricot de laine de la jeune et promettante Michaela Bürger. Il piacere del gioco della moda.

20090311

los pajaritos volando


... surtout surtout pour ne pas vous taire les satisfactions esthétiques qui peuvent nous provenir de la composante graphique d'un livre. Puisque cela a capturé l'attention de ma collocataire, elle-même graphiste très experimentée, je ne peux pas me retenir de vous livrer l'image parfaite d'une couverture de série noire. La photo de l'écrivain : mochissime et genre gangster (il est mort à l'aéroport de Bangkok une vingtaine d'années après avoir publié le livre d'ailleurs, son âme est donc restée avec les pájaros de Bangkok...). La photo de la belle thaïlandaise : stéréotypique et un peu plate. C'est la réconciliation totale de la forme et du contenu.

20090310

mirror mirror on the wall...


... bon, ce n'est pas un news-flash de dernière minute mais puisque tout le monde semble s'être rendu à Paris (have fun everybody!), je contemple la belle ville impénétrable de loin et me souviens des très précieuses créations de mon ami Norbert Schien, le talent duquel est acutellement au service de l'agence de la presque mythique Andrée Putman. C'est cela, ce qu'on appelle faire du beau.

20090306

enfin (?) un défilé à Vienne !


... qui n'a jamais entendu parler de la fondation privée B & C, ni du sans aucun doute très prestigieux prix qui porte le nom du non moins prestigieux et connu Dr. Houska, eh ben, c'est hier soir qu'il a tout compris. Car devant un public, on va dire, assez particulier a eu lieu une soirée tout à fait spéciale, couronnée par un défilé de mode. Ce qui n'est déjà pas mal. Puisque, comme on sait, des défilés, à Vienne, il n'y en a pas des masses. Tandis que, donc, les victimes de mode s'étaient déjà rendues à Paris pour assister aux premiers défilés, les vrais connoisseurs sont restés à Vienne pour contempler ce que nous ont concocté Wendy & Jim (mais qui est-ce qui s'intéresse à Gareth Pugh et Rick Owens s'il peut avoir W&J). Après une petite pause créative, eux voilà de retour avec une collection de prêt-à-porter ET leur projet New H Denim. Quelle assiduité ! Reste à voir s'ils seront aussi chargés de remplir le vide que va laisser Véronique Branquinho à la fin de l'année universitaire. Des fringues, n'en parlons pas. Du phénomène qu'on engage des créateurs plutôt qu'un groupe de musiciens pour conférer un peu de glamour à une soirée du genre, qui sait, c'est peut être le lancement d'un futur modèle pour donner du travail aux figures de proue de la scène de mode viennoise.

(toutes les photos avec la permission de BBPR)