... déjà et pour commencer, j'admets qu'il faut un tantinet de magnanimité pour permettre que le match (virtuel, bien entendu) entre Wendy & Jim et Bernhard Willhelm se résume sous le signe Paris vs. Vienne. Mais, au moins, les uns travaillent ici, l'autre (tout en étant allemand et ayant complété ses études à Anvers) travaille là. Presque parfait donc.
Mais voyons le début : aujourd'hui et hier ont eu lieu les entretiens publics avec les candidats invités pour remplir le vide laissé par Véronique Branquinho à l'Université des Arts Appliqués de Vienne à la fin du semestre. Une remarque avant de m'y mettre : je n'ai pas vu Patrick van Ommeslaeghe ni Eley Kishimoto (mais j'ai entendu parler des étudiants dans l'ascenseur qui avaient trouvé Patrick très sympa; n'est-ce pas vrai en même temps qu'il représente la continuation inconditionnelle d'une esthétique simonsbranquinhienne en vigueur à Vienne depuis désormais quelques années ? avec Eley Kishimoto, par contre, on pourrait se demander s'ils sont vraiment capables de passer assez de temps de qualité avec leurs disciples…).
Mais retournons au propos : lundi, onze heures trente, le couple archi-"fesch" de la fashion scene viennoise, les très hyped Wendy & Jim, soit Helga Schania et Hermann Fankhauser. Pas de doute possible sur le fait qu'ils sont très sûrs d'eux-mêmes. La mode, pour eux, "eine Versammlung von Extremen / une réunion des extrêmes" (Helga S). Le travail à deux, leur marque Wendy & Jim "als abstrakter Körper zwischen uns / un corps abstrait entre nous" (Helga S). Le travail à deux, côté communication, "wenn man zu zweit ist, ist es wichtig, dass man das Wort richtig versteht / lorsqu'on est à deux c'est important que la parole soit bien comprise" (Hermann F.). Saussure ? Heidegger ? N'importe quoi ? Le travail à deux, côté créativité, "wir sind halt beide die Kreativen / après tout on est tous les deux des créatifs" (Helga S). La mode, les vêtements "wir lassen das Modische an der Bekleidung weg / nous renonçons au côté fashion des habits" (Helga S.). Trop de citations ? Qu'on me pardonne. Je ne peux autrement. A savoir qu'il m'est resté un goût légèrement amer dans la bouche. Et leurs idées pour l'enseignement : tout très méticuleusement conçu. On mêlera Bâle et Anvers : eux, présents à Vienne, une fois par mois à la fac, préparant les étudiants pour un travail dirigé par des profs visitants vers la fin de l'année (mais seuls les meilleurs parmi les étudiants seront admis; les moins bons en tout cas continueront à travailler sous W&J - quelle modestie !) pour donner une dimension plus internationale à l'affaire. A moi, personnellement, cela me paraîtrait un peu cher. Mais qui est-ce qui serait assez terre à terre pour se mettre à crier à l'argent dans un si beau contexte. Symptômatique dans tout cela, mais qu'on ne me reproche pas d'être mesquin et méchant : une erreur de frappe dans la présentation de leur concept pour l'imminente ère de Wendy & Jim. Au lieu de "modisch", on lit, sur l'écran, "modich". Mr Freud, c'est vous ?
Mardi matin, dix heures trente : Bernhard Willhelm à l'appareil. Une salle pleine à craquer - on sent que le charismatique Allemand est perçu comme véritable attraction. Ceux qui sont venus ne partiront pas sans avoir rigolé : car où W&J se perdent dans un bavardage qui se veut théorique, Mr Willhelm convainc, surprend, amuse. Parmi les choses à retenir : l'absence de tout narcissisme; c'est quelqu'un qui fait son travail, qui le fait bien, et qui essaie de faire mieux chaque saison malgré toutes les difficultés qu'il peut rencontrer. Pas de dogme, pas de niaiseries philosophiques ni de platitudes. On ressent dans ses propos un je-ne-sais-quoi de bien authentique. On ne peut s'empêcher de penser que c'est quelqu'un qui essaierait vraiment de travailler avec les étudiants. Pour lui, "Mode als Problembewältigung / la mode servant à surmonter des problèmes". Amusant : deux fois il mentionne des artistes (Escher et Neo Rauch notamment) qui lui auraient inspiré des modes de présentation pour ses collections, et deux fois il confesse qu'en réalité, il ne les aime pas du tout. Seule déduction possible : Bernhard W. propose de ne pas rejeter illico ce qui déplaît, de le regarder de plus près, d'essayer d'y dégager quelque chose qui puisse être adopté, amélioré, adapté. Quoi de mieux pour concevoir un travail d'enseignant ? Le talent de Bernhard W. se résume dans la capacité de raconter des histoires avec ses créations sans se prendre trop au sérieux ni virer au ridicule. De créer sans être en proie à un culte du génie. Et les étudiants, comment en profiteraient-ils ? Mr Willhelm ne sait pas encore, il voudrait bien essayer de trouver un mode qui leur convienne, à lui, aux étudiants. Il voudrait terminer plusieurs projets de courte durée au long de l'année. Il suggère qu'un défilé à la fin de l'année n'est pas le seul mode de présentation possible. C'est clair, je pense, qu'il a commencé à réfléchir sur de possibles façons de s'y faire, à l'enseignement. Mais, comme il le dit lui-même à la fin de son petit speech, "nobody's perfect". Eh ben non, mais cela fait du bien de se l'entendre dire et de supposer que dans ces mots se cache un petit grain de vérité.
On ne me reprochera pas d'avoir pris parti, si ?
2 commentaires:
super! dann hat ja doch noch jemand drüber geschrieben...und dann auch noch en francais...
concept oblige !
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